La
Gare
Maison Queer en création
Maison Queer en création
mai 2021
Occitan : Batre lu dalh [prononciation : bètre lu dail]
Brève restitution des ateliers menés avec des personnes de La Gare en avril 2021 avec le concours d’Ulysse et de Jean-François qui nous ont accueillies chez eux.
Nous espérons prochainement transmettre ce qu’on nous transmis. C’est le principe de la transmission.
Nous souhaitons poursuivre cette première expérience par un travail régulier sur les outils, leur usage et comment les entretenir et les réparer.
En guise d’introduction, nous citons Ivan Illich.
« Les valeurs éthiques communes se substituent aux valeurs technoscientifiques. L’outil est convivial du fait qu’il peut être utilisé, et même réparé, par le plus grand nombre, afin d’éviter tout monopole de savoir et de favoriser l’indépendance de chacun. Il est convivial dans la mesure où chacun peut l’utiliser, sans difficulté, aussi souvent ou aussi rarement qu’il le désire, à des fins qu’il détermine lui-même. (…) L’homme a besoin d’un outil avec lequel travailler, non d’un outillage qui travaille à sa place, et finit par l’aliéner. »
L’herbe des pâturages était coupée lors de la belle saison. Il n’y avait pas de date fixe dans le calendrier. C’était en général vers la mi-juin, quand le beau temps commençait à s’installer, que le fauchage des prés était réalisé. C’est à cette période encore aujourd’hui que l’on peut entendre les machines…
Fouillez dans vos granges, garages, ateliers, des trésors peuvent s’y cacher !
A-Les outils
Marteaux
bonbés ou pointus
Enclumettes : bombées ou pointues, plantées dans la terre ou dans un billot de bois
Autrefois les manches en bois étaient faits maison et les lames de toutes tailles achetables dans les quincailleries. Aujourd’hui on n’y trouve plus que des faux dont le manche est en métal.
La faux était fabriquée sur mesure selon la morphologie de la faucheuse-eur.
Le fauchage est une école d’équilibre et de maîtrise du corps et de l’esprit. Une bonne faux, bien réglée, est un chef d’œuvre d’ergonomie, comme elle est un chef d’œuvre de métallurgie.
Le fauchon ou « fauchette » (néologisme) est plus petite (occitan : fauchou), la lame plus courte et épaisse.
(droitière : main gauche)
Poignée centrale
(potence) (droitière : main droite)
Talon de la faux : Bague + Cale
Autrefois on entendait le bruit caractéristique de la battue de la faux dans tout le village durant la saison des fenaisons.
Il existe le battage vers l’intérieur ou vers l’extérieur. Nous n’avons pratiqué que la battue vers l’intérieur. Dans ce petit film réalisé au domicile de M. Amouroux, au bourg de Louignac, en Corrèze, vous pourrez observer la battue vers l’extérieur.
A-Battue à l’anglaise/française
Nous avons expérimenté la battue à l’anglaise
-Battue à l’anglaise : marteau rond, enclumette pointue
-Battue à la française : le contraire
La battue à l'anglaise est apparue dans nos campagnes au début du XXème siècle. Les jeunes paysans d'alors s'y sont rapidement convertis trouvant l'opération plus rapide que la battue à la française (appelée localement "batuda a la picha", du nom du marteau aux bouts effilés, la picha).
B-Geste de battage
La pointe et le talon sont toujours plus difficiles à battre par ce que plus épais.
Démonter la lame pour le battage est conseillé
-Dans le creux de la lame
-Une main tient la lame sur l’enclumette, l’autre tient le marteau.
Avoir quelqu’un d’autre pour tenir la lame est toujours un plus.
-Le son du battage doit être mat, c’est un très bon indicateur d’une bonne battue. Coucou a enregistré le son pour en faire un beat dans sa musique de Rap.
Il vaut mieux faire plusieurs passages que s’endormir sur un seul endroit (risque de créer des dents).
NB : Quand la lame est ébréchée ou fendue, on lime pour faire une battue sur une lame saine au fil à peu près régulier.
-Vérifier l’angle de la lame avec le manche avant de la remonter : Pour vérifier, poser la faux par terre et caler le haut du manche (ex : avec le pied), faire une marque au sol au niveau du talon puis faire pivoter la pointe jusqu’à la marque. La pointe doit tomber ~3cm sous la marque. L’angle se règle avec la bague et la cala. L’angle est légèrement aigu entre la lame et le manche.
Si vous n'arrivez pas à envisager le truc retenez seulement ceci : Il ne faut pas que la faux "ouvre" trop au risque de prendre trop d'herbe et d'épuiser le/la faucheur (-euse).
Il est toujours préférable d’observer quelqu’un faire que d’en lire une description…
3-Usage
La faucheuse (la femme, ni la machine, ni la mort, ahah) ou le faucheur ne part pas au champs sans son coffin à la ceinture où se loge la pierre à faux.
Régulièrement il(elle) affûte de chaque côté de la lame, ici dans le pays, en chantant une petite chanson qui évoque le son rythmé que cela fait (doit faire ;-))
Un exemple de cette chanson : "Zita-zarta, granda garça ; zarta-zon, vielh colhon..." [prononciation : "zito-zarta, grando garso ; zarta-zoun, vié couilloun"]. Traduc : "Zite-zarte (onomatopée du bruit de la pierre sur la lame), grande garce ; zarte-zoun, vieux couillon).
L’humidification permet d’empêcher d’éroder la pierre et réduit la rugosité des grains pour la lame.
Le coffin en forme de corne contient de l’eau pour humidifier la pierre. Il peut se planter dans la terre. Il est fait en corne, en bois ou en fer.
Pierre à faux naturelle ou
synthétique
Coffin
La faux sert à faucher l’herbe (faire du foin)
Le fauchou, plus court et plus épais est utilisé pour couper ronces, toutes « mauvaises herbes » coriaces qui servait de litière pour les vaches.
Pour bien faucher sans endommager l’outil et sans se faire mal: le talon à ras de terre, la pointe légèrement vers le haut, accompagner le geste avec son bassin (pour éviter les torsions des lombaires et les mottes).
On aiguise régulièrement.
Traditionnellement, la faux c’est un truc de mec. L’homme fauche, la femme ramasse (rires du public)
Pendant la 1ère guerre mondiale, sans doute les femmes fauchaient pendant que les hommes se mettaient en rillettes à Verdun.
En Afrique elles l’ont toujours
fait et continuent à le faire, plutôt à la faucille (oc: lu volam).
La faucille était un instrument largement utilisé par les femmes. Elle servait à deux fins : la moisson des céréales (femmes et hommes moissonnaient de concert), et la coupe de l'herbe pour les lapins (travail largement accompli par les femmes).
Travail fort dur.
La faucille était un instrument largement utilisé par les femmes. Elle servait à deux fins : la moisson des céréales (femmes et hommes moissonnaient de concert), et la coupe de l'herbe pour les lapins (travail largement accompli par les femmes).
Travail fort dur.
5-La faux : Sujet de figuration et d’imagination.
la fameuse faucheuse qui annonce la mort. La mort
fauche les êtres vivants sans distinction de classes sociales
La faucheuse est représentée
telle un squelette ou sans visage, encapuchonné
avec une faux.
avec une faux.
Présent dans le jeu de Tarot.
C’est la « Lame XIII » ,
l’ « Arcane sans nom » que la superstition populaire
n’ose pas nommer.
Il existe une mythologie autour de la faux qui
symbolise les récoltes, et de cette manière les
saisons qui rythment l'existence (l’instrument de
Chronos).
Le symbole de la faux est double : Mort et Moisson.
Seurat
Millet « Les glaneuses »
